Le précieux sésame
Vie d'expats

Être un conjoint suiveur, quelle horreur!

Le visa H1B

D'une offre d'emploi, à l'obtention du visa

Il faut savoir que s’expatrier aux USA n’est pas une mince affaire.

Le Graal ultime de l’expatrié aux États-Unis est la naturalisation. Mais pour gagner l’ “Expat Game”, il faut passer plusieurs niveaux…

  • Level 1 “Le Visa” : Le visa permet de vivre sur le sol américain.
    C’est le niveau H4 pour moi (Je n’ai pas pris les extensions payantes qui m’auraient donné accès directement au mode “Travailleur légal”…) À ce pallier-là, il faut obtenir une EAD (le permis de travail) pour passer au niveau suivant;
  • Level 2 “Employment Authorization Document : Sur ce niveau, on part en quête du SSN (Social Security Number). Le numéro de sécurité sociale, qui permet de payer des impôts (et donc de travailler). On débloque, non seulement une nouvelle option: L’emploi! Mais aussi plein de super pouvoirs, comme “pouvoir ouvrir un compte en banque”, “pouvoir avoir une assurance”, “pouvoir obtenir une ligne de téléphone à son nom”…
  • Level 3 “Green Card” : Pas facile celui-là! Il faut y consacrer du temps pour réussir à le finir. Mais une fois la Carte Verte en poche, on est vraiment expert en expatriation!
  • Victoire du “Expat Game” : Obtention de papiers d’identité américains!!

Prendre la décision de vivre cette aventure a nécessité d’accepter deux ou trois points essentiels:

L'attente

Le visa H1B est réservé aux travailleurs qualifiés, c’est-à-dire qu’il faut être diplômé à minima d’un Bachelor, d’un Master, ou même mieux, d’un Doctorat, pour pouvoir en faire une demande. (Plus d’informations ici sur les visas de travail pour les États-Unis)

    • Au moment où l’entreprise sponsor fait une offre d’emploi à Papa, il entame sa dernière année d’école d’ingénieur. Il ne sera diplômé que six mois plus tard.
    • Les demandes de H1B ne se faisant qu’une fois par an (en avril), il ne peut donc pas présenter son dossier cette année-là…
    • Nous savons qu’il faudra attendre un an de plus avant de pouvoir nous installer pour les Etats-Unis. Finalement, nous saisissons cette opportunité pour vivre un autre de nos rêves, et partir 8 mois en road trip en Amérique du Sud! (Blog du voyage)

La loterie

Nous sommes, malgré tout, dans le stress de ne pas savoir si nous allons avoir le visa ou non.

    • Le H1B est un visa énormément demandé à travers le monde. Le gouvernement américain a donc mis en place des quotas annuels. Pour garantir une certaine équité, les places sont attribuées par tirage au sort… L’année de notre demande, nous avons un peu moins d’une chance sur trois d’être tirés! 
    • De plus, le fait d’être pioché ne garanti pas l’obtention du visa… Une minuscule petite coquille ou incohérence dans le dossier, et tout le processus tombe à l’eau. 

Le Mariage

Un mariage… Parce qu’un visa de travail est propre à chacun et que seuls des liens familiaux permettent l’obtention d’un visa accompagnant. 

    • Tous deux ayant des parents divorcés, autant te dire que nous n’étions pas du tout dans l’objectif d’un mariage sur le long terme, alors certainement pas dans les mois à venir… 
    • Au delà de ça, maman est en pleine remise en question de sa carrière et envisage de développer une activité de Wedding Planner… Du coup, ce mariage pourrait être une aubaine pour me faire la main!

La dépendance financière

Une particularité du H1B et surtout du visa H4, le visa accompagnant, est qu’il ne permet pas de faire une demande d’autorisation de travail. (Site de l’USCIS, services d’immigration: Règles d’obtention du permis de travail (EAD).)

    • Nous savons que la condition pour que maman demande une EAD est que papa soit en processus pour la Green Card. L’entreprise sponsor de papa lui a “promis” de lancer les démarches dans les mois suivants notre arrivée.
    • Nous avons bien conscience que toutes les démarches seront longues. Pour ne pas déchanter trop vite, nous imaginons que je pourrais travailler dans les deux ans suivants notre arrivée… Ça nous semble plutôt “correct” à accepter comme deadline…
    • D’ici à ce que maman puisse reprendre une activité professionnelle, nous avons convenu que je ferai du bénévolat pour des associations. Je tiens vraiment à occuper mon temps intelligemment. Même si cela ne ramènera pas d’argent à la maison…

La décision de partir

Deux ans d'attente

Will you marry me?

Dans notre situation je me considère plus comme “conjoint pousseur” que “conjoint suiveur”. À la base, l’assoiffée d’aventures, l’affamée de nouveaux horizons, celle qui vit à mille à l’heure et qui veut parcourir le monde… C’est plutôt maman! 

Notre histoire a été assez compliquée à ses débuts (patience ma fille, tu en sauras bien assez bien assez tôt sur ce sujet!)… Je savais que Papa ne prendrait aucune décision pouvant mettre notre relation en péril. Il serait passé à côté de l’opportunité professionnelle de sa vie, par amour… Et je ne me le serais jamais pardonnée! 

Bon, on ne va pas se le cacher, malgré les quelques ombres au tableau citées plus haut, j’étais certainement plus excitée que lui par tout ce projet! 

J’ai alors profité d’un long week-end en amoureux à Venise, pour lui faire ma “demande en mariage”, et surtout officialiser le début du H1B Project.

Demande en mariage à Venise
Tout vient à point à qui sait attendre

Nous avons donc décidé de nous marier en juillet suivant. Quelques mois plus tard, les avocats de l’entreprise de Papa nous ont appris que la demande ne se ferait pas cette année là. À cause de cette histoire de diplôme…

Papa fini son école d’ingénieur au mois d’août et les demandes de H1B ne seront qu’en avril suivant. Se présente alors une période de flottement dans nos vies qu’il faut “combler”… Maman a convaincu Papa de la suivre dans son rêve de toujours, un long voyage à travers l’Amérique du Sud. 

Notre mariage est un moment merveilleux… Une semaine entière où nous sommes entourés des gens que nous aimons le plus. Nous vivons des instants de pur bonheur, tout en aillant conscience que nous partons loin et peut-être pour toujours. Nous en avons savouré chaque seconde encore plus intensément.

Puis, nous sommes partis pendant huit mois grâce aux économies de Maman. C’était un peu le deal entre nous, Maman payerait le voyage et Papa payerait les premières années de vie aux US. Cette vie confinés, juste tous les deux, nous a ouvert les yeux… sur nous, sur notre couple.

Je te parlerais surement dans un prochain article de la vie de couple avant et après la parentalité… Mais saches que sans ce voyage, nous ne sommes pas surs que tu serais là aujourd’hui!

Mariage et voyage
Une chance sur trois!

Quelques semaines avant notre retour d’Amérique du Sud, nous apprenons la bonne nouvelle!… Nous avons été tiré au sort pour le visa!!! Nous gardons la surprise jusqu’à notre retour en France, pour l’annoncer de vive voix à nos familles. 

Les réactions sont mitigées… Tes mamies et papis sont bien sûrs très heureux pour nous mais ils vivent notre expatriation avec un pincement au coeur… Ce n’est pas tout à fait pareil de voir son enfant partir s’installer à quelques centaines de kilomètres ou de l’autre côté de l’Atlantique. 

Au cours du voyage, nous avons aussi découvert que suite au tirage au sort, il ne serait pas possible de nous installer tout de suite aux États-Unis. Nous passons donc l’été en France, à renflouer les caisses. Maman fait une saison d’animation en village vacances et Papa travaille comme auto-entrepreneur pour son entreprise américaine. 

Visa, le précieux sésame

Le conjoint suiveur

Plannifier son départ

Quelle horreur cette étiquette!!! Suiveur, accompagnant, rattaché, dépendant… Je trouve tous ces termes tellement réducteurs et péjoratifs… Nous sommes partis en couple et avons pris toutes les décisions en couple.

  • Financièrement, nous avons mis les choses au clair dès le départ. Du jour de notre mariage, nous avons mis toutes nos possessions en commun. Pour tout ce qui touche à l’argent, nous ne sommes plus deux personnes distinctes mais une famille, un foyer.
  • Quotidiennement, il est impossible pour moi d’envisager ne rien faire de mes journées! Je veux me sentir utile, faire fonctionner mon cerveau pour de bonnes raisons. J’envisage de faire du bénévolat auprès d’associations.
  • Personnellement, je suis dans cette période connue de (presque) toutes les femmes où le désir d’enfant devient obsessionnel… Il est donc pour nous plutôt logique d’optimiser ces quelques années “d’attente” en ayant notre premier enfant. (Article écrit à postériori sur le désir d’enfant )

Une fois qu'on y est

Honnêtement, encore aujourd’hui, je ne vis pas toujours bien d’être financièrement dépendante de Papa… Même si il n’y a jamais eu un reproche, une remarque, je me culpabilise encore trop souvent… Et puis, on ne sait pas de quoi demain sera fait. La vie peut nous jouer de vilains tours, ce sont des coups à anticiper quand on prend la décision de s’expatrier. 

Nous avons immédiatement mis en place des plans de retraites, pour chacun de nous, ainsi que des plans d’épargnes. Nous sommes clairs sur la répartition de notre argent en cas de séparation, et sur l’aide financière dont je pourrais encore avoir besoin, du fait de mon inactivité plus ou moins longue (l’avenir nous le dira).

Ce sont des conversations qu’aucun couple ne veut avoir, on est bien d’accord… Mais la vie nous a assez équipés l’un comme l’autre sur le sujet du divorce, pour bien préparer le notre!

Les jours et semaines qui suivent notre arrivée, je ne risque pas de m’ennuyer! Entre les recherches d’appartement et les démarches administratives, je ne sais plus où donner de la tête! Après deux ou trois semaines, nous sommes bien installés, nous avons enfin acheté une voiture! Équipement indispensable pour vivre aux USA…

Nous avons trouvé un super appartement d’où Papa peut aller travailler à pieds. Nous nous partagons donc la voiture en fonction de sa motivation et de la météo. Je commence par proposer mes services auprès de quelques associations, en répondant à des annonces sur des sites spécialisés.

Très vite, je me rends deux après-midi par semaine dans une associations pour les enfants hospitalisés. Quelques temps plus tard, je vais également dans une maison de retraite pour servir le repas de midi, donner des cours de fitness et des cours de français. J’aime bien ma petite routine, ma vie d’expat se met en place.

Et puis on a mis bébé en route

Avoir le temps de devenir maman

Nous avons à peine posé un pied sur le territoire américain que j’ai dit à Papa: “Bon chéri, voilà le programme: mon EAD, je ne sais pas quand je l’aurais, en attendant, je ne compte pas me tourner les pouces, on met bébé en route”.

Le mois suivant, j’étais enceinte! On est bien conscients de la chance qu’on a eu, et en même temps, heureusement pour la santé mentale de Papa. Parce que durant les quelques semaines d’attentes, j’ai été insupportable à vivre! 

Devenir maman en début d’expatriation a été la meilleure chose qui puisse m’arriver. Dans cette phase de vie de remise en questions, autant redistribuer tout le jeu de cartes! Les premiers mois de grossesse sont éprouvants pour Maman, je passe mon temps à dormir ou vomir… Donc autant te dire qu’aller travailler aurait été impossible!

Durant mon postpartum, je suis finalement tellement reconnaissante à notre situation de ne pas me mettre la pression d’une date de retour au travail. (Pour en savoir plus: Ma matrescence

Mes projets de femme

Maintenant, tu as presque 9 mois… Et mon EAD… je ne l’ai toujours pas… Nous avons un peu déchanté sur le rêve américain quand Papa s’est fait licencié après un an de bons et loyaux services. Même si Papa a facilement retrouvé du travail, le projet carte verte, et donc EAD, est repoussé de je ne sais combien de temps… Et je sens de plus en plus le poids de cette très vilaine étiquette de “conjoint suiveur” sur mes épaules.

Je suis aujourd’hui un puit sans fond de merveilleux projets professionnels, que je ne peux pas mettre en place! Heureusement, je suis capable de me réinventer facilement et j’avance sur d’autres plans. Je travaille sur un site de e-commerce pour une boutique de cosmétiques, sur ce blog et un compte Instagram pour te parler de toi… J’aimerais mettre en place des coachings sportifs et personnels pour femmes enceintes et en postpartum…

Je suis bien décidée à me (re)prendre en mains, et j’aimerais que mon expérience serve à d’autres femmes et mères dans ma situation. Non, nous ne sommes pas (que) des conjoints suiveurs! Nous pouvons avoir des projets, il faut “simplement” trouver les moyens de les mener à bien.

Nous avons parfois besoin de ce petit coup de pouce, pour nous déculpabiliser de ne pas travailler dans le but de gagner de l’argent, mais pour notre bien être personnel! (OMG, travail et bien être dans la même phrase, c’est possible???) Nous avons parfois besoin de quelqu’un qui nous ouvre les yeux, sur cette opportunité que nous avons, d’avoir le champs libre à la réalisation de tellement de belles choses…

Vivre la situation sereinement

Vous n'êtes pas seule

Nous avons la chance de vivre dans un monde hyper connecté. Les plateformes d’entraide sont nombreuses et elles permettent à toutes ces femmes, qui ont suivi leur mari, de ne pas se sentir seules… Je dis “ces femmes” parce que les chiffres sont clairs, 90% des “conjoints accompagnateurs” sont des épousEs. (Dossier du site Femmes Expat)

Il existe de nombreux groupes de soutient sur les réseaux sociaux, des solutions de coaching en reconversion professionnelle nomade et des rencontres d’expats organisées dans les grandes villes du monde entier. Le plus important est de savoir s’équiper des outils dont nous avons besoin. 

Que vous partiez sous visa H4, J1, L1 ou E2… Il est indispensable de préparer votre plan de bataille avant le grand départ. Votre conjoint aura son projet professionnel, votre couple ou votre famille aura son projet de vie.. À vous de créer votre projet personnel!

Quelques outils

Des groupes sur Facebook:

Des sites internet pour expatriés:

Il en existe aussi une multitude comptes instagram de Mamans expat, n’hésitez pas à rejoindre notre village!

Expat Families le Podcast

En novembre 2020, j’ai rejoint l’équipe d’Expat Families le Podcast. Toujours de manière bénévole certes, mais aujourd’hui, ça n’a plus d’importance!

J’ai trouvé ma place, une motivation au quotidien. Je fais chaque jour d’incroyables rencontres. Cette sensation de subir mon expatriation est loin derrière moi et c’est tellement agréable! 

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