accouchement de sasha à domicile
Parentalité

Récit de naissance – Sasha 29 Janvier 2022

Une semaine après la naissance de Sasha, je ne suis plus en état de choc suite à la “violence” de ce que mon corps a vécu. Je garde le souvenir d’une force incomparable, transcendant tout ce que j’aurais pu imaginer. C’est tellement… Tellement… Je ne trouve pas les mots, il n’y a pas de mots!⁠

Samedi 29 janvier 2022, 14h

Lors de la première conversation avec ton papa au sujet de ta naissance

“Honnêtement, si je devais retomber enceinte, je ne suis pas sure que je le referais… Je veux dire que la naissance de Sasha telle que nous venons de la vivre, je ne la changerais pour rien au monde, c’est ce que nous souhaitions, ce que nous avions préparé. Mais si on devait avoir un troisième enfant, là tout de suite, je crois que je te dirais direct de m’emmener à l’hôpital pour me mettre une dose de cheval de péridurale !!!”

Les prémices de ta naissance

Ma Sasha,

Ma toute petite, ta naissance a commencé bien avant ton arrivée dans cette piscine, dans le basement de notre maison… Bien avant même ta conception! Nous avons longuement discuté, ton papa et moi, de ce que nous désirions pour l’arrivée de notre deuxième enfant. En de nombreux points nous souhaitions aller à l’opposé de l’accouchement guidé et médicalisé que nous avions vécu pour ta soeur. Nous nous sommes donc tourné vers l’accouchement à domicile, accompagnés d’une sage-femme en qui nous aurions entièrement confiance. 

Tu t’es nichée en moi aussi vite que la nature te l’a permis et nous avons commencé ensemble cette route merveilleuse jusqu’à ta naissance… Ha ha ha, pour être tout à fait sincère, je trouve que la grossesse est une période tout aussi incroyable et magique de part ce qu’il se passe dans notre corps, que difficile et insupportable… toujours de part ce qu’il se passe dans notre corps… En d’autres termes, je n’aime pas particulièrement être enceinte, voir même pas du tout. Ta grossesse aura été spécialement difficile moralement pour moi, avec des passages presque dépressifs, desquels je bataillais pour me sortir. 

Selon les estimations de mon ovulation et de la première échographie, tu étais prévue pour la fin janvier, entre le 23 et le 26. Mais de nombreuses contractions ont commencé épisodiquement dès l’automne et je redoutais que tu ne sois trop pressée de sortir… Notre projet d’accouchement à la maison ne pouvant se réaliser que si tu arrivais à terme, c’est-à-dire à partir de la 37ème semaine d’aménorrhée. Nous avons donc passé les fêtes de fin d’année en apnée, priant pour que tu restes bien au chaud quelques jours de plus. Le 1er janvier est arrivé et, enfin, nous avons pu appréhender ta venue sereinement. J’étais persuadée que ce ne serait plus qu’une question de jours avant de te rencontrer !

Je m’étais préparée à tous les scenarii, préparée physiquement et mentalement à la gestion des contractions, j’avais fait de nombreux exercices de respiration et lu de multiples livres sur les naissances naturelles et physiologiques. J’étais dans les starting-blocks ! Nous avions également prévu plusieurs options pour ta grande soeur, en espérant que tu décides d’arriver en pleine nuit. Tout bêtement, je m’étais fait mon petit programme dans ma tête: Tu allais naitre dans la nuit du 17 au 18 janvier, en quelques heures, sans souffrance mais dans une intensité tout à fait gérable, et notre vie à quatre pourrait commencer. 

Sauf que ce n’est pas comme ça la vie !

Story, notre sage-femme, est venue pour une visite à domicile le 4 janvier. Tout était prêt : le matériel médical, la piscine, les accessoires divers et variés dont nous pourrions avoir besoin… Finalement, un accouchement à domicile ne veut pas dire accouchement minimaliste ! Bien loin des protocoles médicaux que l’on peut rencontrer à l’hôpital, il y a cependant de nombreuses choses à respecter pour la sécurité de la maman et du bébé (et certainement aussi pour des histoires d’assurances). C’est encore plus confiants que nous avons terminés ce rendez-vous, malgré un petit gout amer suite à une banale phrase dite par Story “il est possible que tu dépasses la date de terme”… 

Je n’en avais pas l’intention, cette grossesse avait assez duré, il était temps de te rencontrer ! L’excitation de vivre cet accouchement que nous préparions depuis des mois était désormais palpable pour tous les membres de la famille. Même Louise connaissait par coeur les étapes de la naissance grâce à deux livres sur les accouchements à la maison que Story nous avait prêtés. À l’approche de 17 janvier, je ne tenais plus en place : randonnées, séances de sport, astuces de grand-mères en tous genres (dattes, tisane de framboisier, plats épicés, etc…) … J’ai tout essayé ! Les contractions s’intensifiaient, se rapprochaient… Mais tu n’arrivais pas…

La nuit du 17 au 18 janvier est passée, et tant d’autres… Chaque matin, je me réveillais après une nuit en dents de scie, dépitée de me trouver toujours enceinte. Chaque soir, je me couchais avec l’espoir d’être réveillée quelques heures plus tard. Mon moral était au plus bas, et même ma motivation commençait à retomber…

Entre temps, nous avons appris que j’étais positive au streptocoque B, un germe présent dans la flore vaginale, qui peut se transmettre au bébé lors de la naissance. Cette annonce m’a fait comme un coup de massue, craignant de devoir remettre en cause tout notre projet. Mais nous avons vite été rassurés par Story, une simple perfusion d’antibiotiques durant les premières heures du travail suffirait à te protéger.

Nous sommes finalement arrivés au 23 janvier, date de ton terme… Je pleurais tous les jours de ne pas avoir encore accouché. C’était obsessionnel, je ne pensais plus qu’à ça ! Zumba, ballon, randonnées, montées et descentes d’escaliers… Mes journées étaient épuisantes et les nuits rythmées par des contractions inutiles…

Le 28 janvier, je demandais à Story si un décollement des membranes était envisageable malgré le strep B. N’y voyant pas d’inconvénient à ce terme, elle procédait à la petite intervention… Première fois de la grossesse qu’elle faisait une manoeuvre invasive dans mon intimité. J’ai trouvé cela douloureux et je constatais que mon corps gardait un souvenir désagréable de tous les gestes gynécologiques irrespectueux qu’il avait subit lors de la grossesse et l’accouchement de Louise.  

La suite de cette journée fût tout à fait normale, je jouais avec ta soeur et faisais une petite heure de Zumba en ligne en fin d’après-midi. Je ressentais déjà de nombreuses contractions, mais ni plus ni moins que les jours précédents. Ne voulant pas me donner de faux espoirs, je décidais d’aller me coucher.

Une très longue nuit

Vers minuit, je suis réveillée par une contraction intense, difficile à faire passer sans me tortiller dans tous les sens. Je respire à travers elle jusqu’à la voir s’en aller, et je me rendors… Une seconde vague me réveille, peut-être trente ou quarante minutes plus tard, difficile à dire. L’intensité de ces deux contractions me laisse croire que, peut-être, nous y sommes enfin. Je ne me rendors pas immédiatement et attend de voir si une troisième vague arrive… En effet, une troisième, puis une quatrième viennent couper mes somnolences. Mais j’ai tellement peur que ce ne soient pas de “vraies” contractions de travail… À la cinquième vague je dois sortir du lit, il m’est impossible de rester immobile. 

Je décide de descendre dans le basement que nous avons prévu de transformer en salle d’accouchement. J’y allume des guirlandes lumineuses et monte le chauffage. Je m’installe sur le ballon et attend la prochaine vague, bien décidée à la traverser en douceur grâce aux diverses techniques que je me suis entraînée à pratiquer. Mais elle n’arrive pas cette nouvelle vague… Alors je m’allonge sur des couvertures et des coussins, à même le sol, et je m’assoupie. Finalement, c’est une nouvelle forte contraction qui me réveille, il doit être 2h du matin, peut-être plus. Une fois la vague passée, je réalise que j’ai faim. Je remonte à la cuisine et me prépare quelque chose à manger, la position debout déclenche deux contractions coup sur coup. Cette fois, je me dis que c’est bien ça, que le travaille a commencé ! 

Je monte dans notre chambre chercher ton papa et lui conseille de venir se coucher dans le lit de la chambre d’amis, adjacente à la salle d’accouchement. Équipé de couettes et oreillers, il nous installe un campement de fortune là où je dormais quelques minutes plus tôt. Je lui suis reconnaissante de ne pas m’avoir laissée seule à ce moment là. Nous nous allongeons au sol et tentons de dormir. Chaque fois que je sens une vague monter, je passe en position quatre patte et j’attrape les poignets de papa. Je m’y agrippe avec force, tout en respirant à travers les vagues. Malgré l’intensité croissante de la houle, je continue de penser que la traversé sera tout à fait gérable… Mais je constate, dépitée, que les contractions ne sont pas du tout régulières, entre 15 et 35 minutes peuvent s’écouler entre chacune… Je doute encore d’être en travail et décide de ne pas appeler Story. 

La nuit passe ainsi, jusqu’au petit matin. Il doit être 7h lorsque je ressens un “poc” au cours d’une vague plus fortes que les précédentes. Je vais alors aux toilettes et constate que j’ai perdu le bouchon muqueux, une petite chose gluante pas très glamour qui bouche le col de l’utérus. La poche des eaux ne semble pas percée sur le moment, mais quelques minutes après, une nouvelle vague très violente se déverse sur moi et je sens du liquide couler. J’ai à peine le temps de rejoindre notre lit de fortune pour prévenir papa et appeler Story qu’une troisième vague arrive… Alors ça y est, c’est vraiment maintenant ?! 

Et tu es née

J’appelle Story et lui explique la situation entre deux contractions rapprochées, elle se met en chemin immédiatement et prévient son assistante de nous rejoindre également. Pendant ce temps, je dis à papa de prendre des forces, de faire du café et manger un bon petit déjeuner. Je file sous la douche en attendant l’arrivée de mes sage-femmes. L’eau chaude me fait beaucoup de bien mais je dois vocaliser chaque vague à présent. 

Je sens bien que j’entre dans le coeur de la tempête. Quelque chose en moi sait que les vagues de cette nuit n’étaient qu’un petit clapotis à coté de ce que je m’apprête à vivre… Il est temps de me laisser embarquer dans la plus incroyable tempête que je traverserai de toute ma vie !

Story et Emily arrivent, telles deux petites abeilles, elles se mettent immédiatement en action. Chaque geste est maîtrisé, elles connaissent et font leur job à la perfection, sans se faire remarquer. En quelques minutes, je suis perfusée pour mon traitement d’antibiotiques… Quinze longues minutes pendant lesquelles je gère difficilement les contractions. Papa gonfle la piscine et commence à la remplir… Jusqu’à ce qu’Emily lui signale qu’il a oublié le liner de protection… Les voilà à écoper le fond d’eau qui a déjà coulé. 

Tandis que je me tord dans tous les sens, je commence à faire des sons graves et profonds. Je vis une dissociation totale de mon corps et de mon esprit. Le premier ne m’appartient plus, tandis que le second ne parvient pas à déconnecter de la réalité et de la douleur. Story reste auprès de moi, me donne quelques encouragements et m’appuie dans le bas du dos à chaque contraction.

Il doit être 8h quand Louise se réveille. Je tente, en vain, de contrôler le bruit que je fais et l’expression de mon visage, j’ai tellement peur de l’apeurer. Mais papa la prépare à la perfection à ce que maman est en train de vivre. Nous lui laissons le choix entre aller chez un petit copain ou rester avec nous, elle décide de rester, bien évidemment. Elle vient me voir et m’explique ce qu’elle perçoit de son point de vue “maman, vagues, ventre, HOOOMMMMMM, piscine, Sasha sortir zezette”. Je la sens nerveuse, alors entre deux contractions nous nous faisons un câlin et réexpliquons, encore et encore. Rapidement, je la vois sure d’elle et sereine… Le paquet de M&M’s en guise de petit déjeuner ayant également joué son rôle dans son bonheur retrouvé ! 

Je perds la notion du temps mais je vois bien que papa et Emily galèrent à remplir la piscine… Notre ballon d’eau chaude ayant décidé de faire le capricieux, le tuyau relié à la douche ne déverse plus que de l’eau froide. En un rien de temps, ils trouvent une solution ! Casseroles et bouilloire électrique tournent à plein régime pour faire chauffer de l’eau, qu’ils déversent ensuite dans la piscine. Emily et papa enchaînent les aller-retours dans les escaliers jusqu’à ce que le niveau d’eau soit suffisant pour que je puisse m’y plonger. Story m’avouera par la suite qu’elle s’est demandée un moment si je n’allais pas devoir accoucher en dehors de l’eau… Mais c’est comme si mon corps avait attendu d’avoir enfin ce qu’il désirait pour passer dans une toute autre force de l’ouragan intérieur que je traversais. 

Une fois dans l’eau je ne suis plus moi-même. J’ai l’impression de me noyer, de perdre pied, je trouve difficilement ma respiration, submergée par toutes ces vagues qui m’assaillent. Papa ne peut plus s’éloigner de moi, je suis cramponnée à ses main, tête contre tête, et je hurle la violence de chaque contraction. Ma Louise vient me voir de temps en temps mi-inquiète mi-encourageante “allez maman, allez !!!”, puis elle retourne dans la chambre d’amis regarder Oui-Oui Détective sur l’ordinateur de papa. 

Je demande un millier de fois si c’est bientôt fini, mais personne ne me répond. Story ne fait que répéter que je fais un travail remarquable, que mon corps sait ce qu’il fait. J’ai envie de l’insulter ! Les quelques mots que je prononce dans cette piscine sont en français et papa sert de traducteur. Entre deux contractions la conversation ressemble à ça :
Moi, au moment où Emily verse une casserole d’eau chaude: “L’eau est brûlante”

Papa (en anglais): “Elle dit que l’eau est brûlante”

Moi: “Mais ça fait du bien”

Papa (en anglais): “Mais elle dit que ça fait du bien”

Une petite partie de mon cerveau est très amusée par la scène…

Mais les contractions se rapprochent et ne laissent que peu d’espace à mon esprit pour rire de la situation. Plus les vagues me submergent, plus je quitte mon corps humain pour n’être que femelle mammifère, donnant naissance à son tout petit. Je suis une lionne, je suis une tigresse, je sors de mes entrailles des cris puissants et incontrôlables, les mouvements de mes hanches ne sont dûs qu’à un instinct animal que je ne me connaissais pas. Je suis accroupie dans cette piscine, appuyée sur le rebord, les mains cramponnées à celles de papa, comme s’il était la seule chose qui me retenait à la vie… À cet instant, je suis convaincue que je ne pourrais aller au bout de cette naissance, que mon corps n’y survivra pas… 

Story est toujours là, en retrait. Elle me conseille de crier des “hoooo” plutôt que des “haaaa”. Alors que mon corps se met à trembler, elle vient regarder où j’en suis, pour la première fois de l’accouchement. À l’aide d’un miroir et d’une lampe de poche, sans me toucher. C’est aussi là que je ressens ta présence physique dans mon bassin. Je ne conscientise pas vraiment que c’est toi, mon bébé. Je ressens juste une boule ÉNORME à l’intérieur de mon intimité et je me demande bien comment ça pourrait en sortir !

C’est vraiment étrange cette bipolarité durant l’accouchement ! Mon corps tout entier est entré dans un monde parallèle, un monde où l’instinct animal est seul maître de ce qu’il se passe… Tandis que mon cerveau a continué sa petite vie, en s’interrogeant sur des sujets sans queue ni tête ! Cela va de “la musique est éteinte” à “bon là de toute façon ce serait trop tard pour demander à aller à l’hôpital”, en passant par “mais combien d’épisodes de Oui Oui Louise a-t-elle déjà regardé ?”… Du grand n’importe quoi ! 

Les vagues arrivent désormais coup sur coup, mon corps entre dans une sorte de transe vibratoire et je hurle que “je ne pourrais pas le faire”, et Story et papa me disent que “si, je suis en train de le faire”. Alors je te parle et te demande de sortir : “Sors bébé, sors s’il te plait”. Story me suggère de garder un genou à terre et de poser l’autre pied au sol (un peu comme un chevalier), pour faciliter ton passage. Je m’exécute et ressens immédiatement le fameux “cercle de feu”, le passage de la tête dans le col de l’utérus.

Je dis à ton papa “Ça brûle !”.

Chose qu’il traduit à Story: “She says it burns”,

Moi: “Non mais c’est normal”

Papa: “She says it’s normal”

Et dans ma tête, je me dis “Ça y est, c’est presque fini !!!”

La tête est presque là mais ne sort toujours pas, alors Story me propose de me retourner sur le dos. Papa passe ses bras sous mes aisselles pour me soutenir et je sens que la position aide beaucoup. Je n’ai pas la conscience de pousser, mon corps le fait de lui même, quand il ressent que c’est le moment. Enfin, ta tête passe le col de l’utérus pour entrer dans le vagin et là, Story me dit de ne pas laisser mon corps pousser trop fort, de prendre de petites respirations pour que ça se fasse doucement. Je ne comprends plus rien, comment pourrais-je faire ça !? Ce n’est pas moi qui pousse, c’est lui, je n’ai plus le contrôle sur ce qu’il fait depuis un long moment ! Mais je tente de m’exécuter, je n’ai vraiment pas envie que tout se déchire là en bas… Elle me propose de passer ma main pour ressentir le tissus se ramollir et s’élargir, pour te faire de la place. Je pensais ne pas avoir du tout envie de m’aventurer dans cette zone pendant l’accouchement, mais finalement cela m’aide beaucoup. Je sens ta tête progresser tout doucement au fur que je masse.

Fréquemment, Story écoute ton petit coeur grâce à un doppler et sur cette dernière contraction, elle ne parvient pas à t’entendre. En toute sérénité, elle me dit que sur la prochaine vague, je dois te faire sortir. C’est la seule poussée consciente que je ferais, celle qui met au monde ta tête, puis ton petit corps, celle qui me ramène, moi aussi, dans notre monde et dans mon corps, en une fraction de secondes. Tu es là mon bébé ! D’un geste bref, Story enlève le petit tour de cordon autour de ton cou, mais elle ne te touche pas. La première personne à te toucher, à voir tes poumons se gonfler pour la première fois, à sentir ton coeur battre sous ta peau… C’est moi ! Je te colle immédiatement contre moi et Emily vient poser une couverture sur nous.

Je regarde ton papa, “c’est notre bébé !”, je lui dis. Story appelle Louise, qui nous rejoint. Tu n’as que quelques secondes et le regard de ta soeur se pose sur toi, émerveillé de cette rencontre ! Après quelques minutes, je ressens une nouvelle contraction qui me permet d’expulser ton placenta. Story le met dans un sac puis dans une bassine mais n’y touche pas, la bassine flotte dans la piscine, le placenta toujours relié à toi. Elle ne touche pas au cordon de vie qui continue de battre et de t’apporter l’intégralité de ton volume sanguin. Je demande alors à papa quelle heure il est, il me répond 10h30… Seulement ! J’ai pourtant l’impression que cette tempête a duré des heures !!!

Quand nous nous installons tous les quatre dans le lit de la chambre d’amis, je ne réalise pas vraiment. Mes enfants, mon mari, ma maison, la quiétude de cet instant, tout est parfait… Et pourtant je suis comme en état de choc. Nous nous décidons enfin à regarder sous la couverture, pour découvrir si tu es bébé soeur ou bébé frère… Le bonheur ayant été le même quelque soit ton sexe ! Et voilà, tu es une petite fille ma Sasha !

Dans la pièce adjacente, Emily s’affaire à ranger tout le matériel. Les déconvenues de la piscine continuent lorsqu’elle réalise qu’il lui manque un adaptateur pour vider l’eau… Le seul que nous ayons étant raccordé au tuyau d’arrosage extérieur, il est complètement bouché par de la glace. Après avoir décongelé le fameux adaptateur dans l’eau chaude, elle parvient enfin à vider la piscine… qu’elle avait tant galéré à remplir ! La pauvre, je crois que plus jamais elle ne voudra faire d’accouchement dans l’eau !!! 

Tous ces détails techniques ont lieu dans la plus grande discrétion, je n’en suis certainement pas actrice et à peine témoin. De bout en bout mes deux sage-femmes auront été comme des petites fées, s’assurant de maintenir ma bulle intacte. Je sais qu’elles ont minutieusement rapporté dans mon dossier chaque étape de ta naissance, chaque geste et procédure. Rien n’est laissé au hasard et c’est extrêmement rassurant. 

Après une bonne heure à faire des câlins, à découvrir la tété et à reprendre un peu des forces, je souhaite me doucher et m’habiller un peu plus chaudement. Il est donc temps de te séparer de ton placenta, ta maison de ces 9 derniers mois. Le cordon est tout blanc et dur, intégralement vidé de son sang ! Je ne suis pas spécialement dans ce genre de symboliques mais pour ne rien regretter, j’avais expliqué à papa comment faire une empreinte placentaire. Aujourd’hui je suis ravie de l’avoir fait car je trouve le dessin très beau, et c’est un souvenir vraiment particulier de ta naissance si particulière.

Samedi 5 février 14h

Lors d’une enième conversation avec ton papa au sujet de ta naissance

“Tu sais, une semaine après, je n’ai plus du tout le même ressenti sur cet accouchement. Ce n’est plus “la chose la plus difficile que j’ai vécu” mais vraiment la plus forte. Et j’ai peur d’oublier cette force, cette intensité, que jamais je ne pourrais revivre ou ressentir à nouveau, qui est incomparable à tout ce que je pourrais jamais expérimenter dans ma vie ! C’est tellement… tellement… je ne trouve pas les mots, il n’y a pas de mot… C’est quelque chose d’indescriptible et immensément précieux à la fois. Quelque chose qu’aucun superlatif ne peut égaler !”

Puis tu étais là

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