Ton premier voyage… La France! (Première partie)
Voyage en France
Ma petite Louise, tu es tombée dans une famille de baroudeurs, de backpackeurs, d’aventuriers. Tu es tombée sur des parents assoiffés de bouts de monde et de voyages.
Voilà comment tu te retrouves dans un voyage en France… à seulement 4 mois!
Notre American Dream
Tout nous sourit
Ma fille, nous voici parties pour de drôles d’aventures… Tu as quatre mois seulement et nous te faisons traverser l’océan, traverser la France, vivre un périple de plusieurs milliers de kilomètres. Une aventure extraordinaire, palpitante… et certainement épuisante pour un petit bébé…
J’espère que ce voyage, ces rencontres et ces nouvelles expériences seront pour le petit être merveilleux que tu es un enrichissement plus qu’un traumatisme! J’espère que tu ne m’en voudras pas, que tu me remercieras même plus tard d’avoir fait de toi une petite citoyenne du monde. Ma Tiny Little Globetrotteuse.
Cette premiere épopée de ta vie nous devions la vivre à trois, avec papa… Mais le sort en a décidé autrement. En prenant la décision de venir vivre au USA, nous étions conscients des risques, sans jamais imaginer qu’ils pourraient vraiment nous atteindre…
Nous nous croyons invincibles, tout nous souriait… Nous nous aimions plus fort que jamais, nous avions obtenu le visa tant espéré, nous étions tombés enceintes au premier essai, notre green card devait bientôt être là, j’allais enfin pouvoir travailler… Le rêve américain était notre!
Le désenchantement
Un licenciement brutal
Et puis c’est la dégringolade, sans crier gare, le destin se met contre nous. Papa perd son travail peu de temps après que nous ayons déménagé dans un plus grand appartement. Sans emploi, notre visa n’est plus valide. Notre green card, elle, est perdue pour de bon.
Le stress prend vite la place de la déception. Qu’allons-nous faire, ou aller, pourquoi et comment? Finalement, nous rebondissement facilement. Papa retrouve du travail en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Nous sommes alors tellement soulagés!
Mais notre joie est de courte durée. De nouvelles sources de stress se présentent sur notre chemin… Faut-il déménager pour que papa n’ait pas à faire des heures de routes chaque jour? Faut-il acheter une nouvelle voiture? Et quand pourrons-nous à nouveau lancer une demande de carte verte?
Sans ce précieux sésame, les chances que maman puisse travailler un jour sont nulles… Et, malgré tout l’amour que je te porte ma fille, je ne me sens pas capable de passer chaque heure de chaque jour, collée à toi, jusqu’à ton entrée à l’école…
Enchaîner les mauvaises nouvelles
Mais le plus difficile à accepter est l’annonce des avocats en charge du transfert de visa… Papa ne pourra pas rentrer a Noël avec nous… Il ne doit pas sortir du territoire Américain tant que les démarches ne sont pas finies. Quel coup de massue!
Tu ne passeras pas ton premier Noël avec ton Papa, ton premier nouvel an… Il ne sera pas là pour te presenter à sa famille… Et maman sera seule, pour gérer tout ce périple que nous avions prévu!…
La décision
Voyager seules entre mère et fille
Et puis nous décidons de partir, juste toi et moi mon amour. Armées de notre porte bébé, de nos couches et de notre sac à dos. Je dois reconnaître que je ne fais pas la fière! Une fois la pilule passée, que papa ne vienne pas avec nous, je réalise enfin ce que cela signifierait vraiment!
Le Mans, Quiberon, le séjour au ski, puis à Bourg-en-Bresse… Les voitures, les avions et les trains! Mon dieu, comment vais-je m’en sortir?! Pour ne rien arranger, des mouvements de grève commencent à paralyser la France, pas de train pour nous en arrivant à Paris. Pour la suite du voyage, rien n’est garanti…
Je passe alors des semaines à étudier la logistique la plus parfaite, trouver la meilleure poussette, prendre un sac à dos ou une valise, quel diaper bag choisir… Pas de solution miracle, mais je l’espère une optimisation qui simplifiera notre mission.
Quand maman transmet trop de stress à bébé
Les bébés sont des éponges à émotions
Les semaines précédant le voyage sont bien compliquées ma fille… Est-ce nous qui te transmettons notre stress ou est-ce pour une toute autre raison? Te faire dormir relève du défi, il faut t’accompagner dans chaque transition de phase de sommeil… Maman est sur le qui vive à chacunes de tes siestes, pour t’assurer de dormir suffisamment. (Plus de détails dans mon article sur le sommeil de bébé: ici)
Tu as également subitement décidé que le sein ne te convenait plus… Le biberon c’est plus rapide et plus facile. Mais quel déception pour maman! J’en ai beaucoup pleuré. Et puis cela rajoutera à la galère de notre voyage!
L’allaitement c’était tellement pratique! Open bar à toutes heures! À présent, il faut des biberons, du lait en poudre (et surtout pas de la formula américaine!!), de l’eau… Pfiou merci ma puce pour cette difficulté vraiment pas nécessaire! Et le poids dans les bagages…
Être mère change tout
Les jours précédents le départ je dors peu et mal, mon cerveau ne sait plus s’arrêter. Prévoir tous les scénarios possibles, envisager, imaginer, planifier… Et le grand jour fini par arriver! J’atteinds un niveau de panique improbable!
Je suis désolée ma fille de t’avoir transmis cette tension… Je ne comprends pas comment c’est possible que moi, l’aventurière, je puisse me mettre dans cet état! J’ai traîné ton père pendant huit mois, aux quatre coins de l’Amérique du Sud, nous avons vécu des choses incroyables, difficiles, dangereuses… Et là, pour un voyage “de luxe”, je ne réponds plus de moi!
Le rôle de mère m’a vraiment transformée, mais je ne pensais pas à ce point. Je passe l’après-midi précédant notre vol pour Paris à trembler, entre stress, fatigue et grosse tristesse de laisser ton papa a la maison…
Un si long voyage
"A bientôt papa"
Pleurer à chaudes larmes
Au moment de partir pour l’aéroport, je ne tiens plus, il faut que je craque, que j’évacue la tension. Alors je pleure quelque minutes à chaudes larmes… Nous enregistrons nos bagages, buvons un verre avec papa et c’est déjà l’heure de nous dire au revoir.
Les larmes coulent sur mes joues, et toi, ma petite princesse ,tu ne comprends pas bien pourquoi. Tu regardes partout autour de toi, analysant cet environnement grouillant de vie. Tu est à croquer, les gens sont en admiration devant toi… Ce qui est bien pratique, pour oser demander de l’aide!
Petit sprint final
Le passage de la sécurité est une séance de fitness! Tout déballer et tout sortir, toi y compris, tout ranger et tout remettre, toi y compris… Finalement nous ne sommes pas si en avance à la porte d’embarquement! Et là, grosse surprise, une dizaine de bébés attendent déjà!
D’ailleurs, plusieurs mamans célibataires, et plusieurs poussettes similaires à la notre (bon choix maman!). Je m’inquiéte alors de ne pas pouvoir avoir le bassinet promis, lors l’enregistrement des bagages, pour te faire dormir…
À peine le temps de te changer la couche, de te mettre en pyjama, et il faut embarquer. Pliage de poussette, rangement du car seat, ma paupiette dans le porte bébé et zou dans l’avion! Moi qui pensais que la place réservée pour papa serait libre à côté de moi pour pouvoir m’étaler un peu, je suis bien déçue!…
L’avion étant surbooké, la place a été ré-attribuée dans la foulée. Rien que sur notre rangée, il y a 3 bébés et 1 bambin! Soit 12 personnes au lieu de 8… Ça promet un vol haut en couleur! Ma ‘tite louloute tu es toute mimi dans ton pyjama de noël!
Ton tout premier vol
Ça commencait si bien...
Toi, et tous tes petits copain tiny globetrotteurs d’ailleurs! Échanges de sourires et de regards complices entre mamans en constatant que tous nos bébés sont en pyjamas de noël!!!
Tout le monde s’installe dans l’avion et tu commences à trouver le temps un peu long… Tu chouines un peu mais c’est bientôt l’heure de décoller. Les lumières se tamisent et tu commences à boire tranquillement ton biberon, puis, doucement, tu t’endors.
Je n’y crois pas mes yeux! J’ai envie de chanter hallelujah, de danser la polka! Le décollage ne te réveille même pas. En revanche, les hurlements du petit gamin capricieux assis à côté ont raison de ton sommeil…
Et voilà qu’ils rallument les lumières… Hooo non… Bon tu es réveillée, et bien éveillée! L’hôtesse apporte alors ton petit couffin et plutôt que de t’y rendormir tu commences à te marrer et à jouer… Je te laisse faire, le temps de manger rapidement mon plateau repas.
Mais le petit garçon à côté fait caprice sur crise, et chaque fois qu’il pleure, tu te mets toi aussi à pleurer. C’est infernal et je commence à perdre patience.
Zone de turbulances
Turbulences ou pas, je me lève, je te berce tout doucement, une bavounette sur la tête pour cacher la lumière. Nous partons du côté de la business class, c’est bien plus calme par là bas!
Tu t’endors vite ,ais j’entends toujours au loin ce petit garçon qui hurle sur sa maman, or de question que j’y retourne! Du coup je prends possession du siège en strapontin de l’hôtesse de l’air… Elle me fait un peu les gros yeux en passant mais m’autorise à rester. Toute la cabine en a déjà pleins les oreilles de mon voisin de siège, elle se montre compréhensive!
Les lumières s’éteignent enfin, et nous restons là quelques temps encore, les minutes passent, je ne sais pas combien… Tu dors si paisiblement, mon amour, que je n’ose pas bouger un cil! Mes bras s’engourdissent, je décide de retourner à notre place pour te poser dans le couffin.
Le petit bonhomme dort sur sa maman. Toi, tu bronches à peine quand je te pose, tu entrouvres les yeux et les refermes peu de temps après. Je suis soulagée mais pas sereine. Toute la nuit je vais guetter tes mouvements de peur que tu ne te réveilles.
Atterrissage, covoiturage et décalage (horaires)
Le "vrai" premier jour de notre aventure
Atterrissage en douceur
Quand les lumières se rallument, il est beaucoup trop tôt pour ton petit corps de bébé. Alors tu continues de dormir… “encore, encore un peu” sembles-tu réclamer en te tortillant de droite à gauche. Aille!
Comme j’en veux à cette hôtesse de l’air qui vient me dire qu’elle doit récupérer le couffin. “Mais non, vous voyez bien qu’elle dort!” Pas le choix, pour la descente tu dois être assise sur mes genoux, avec la ceinture de sécurité…
Je te prépare un petit biberon, pour protéger tes tympans de la pression, et tu te réveilles doucement. Comme tu es gentille ma douce… Toutes les hôtesses s’arrêtent pour t’admirer, et tu leur réponds par de jolis “areuh”.
On te réveille au milieu de ta nuit et tu es toute adorable! Quelques pleurs quand même, pour justifier que tu n’aimes pas être réveillée et que tu es encore fatiguée…
Tout est sous contrôle
Une fois que nous avons atterri, je te mets en porte bébé et tu ne tardes pas à te rendormir. Juste restes-tu éveillée, le temps de faire un sourire à la dame de la douane. L’avantage de voyager avec un tout petit bout, c’est qu’on passe par les files prioritaires. Alors hop hop hop, en deux temps trois mouvements, nous sommes au guichet.
La dame me regarde un peu de travers. Maman française, bébé américaine, pas le même nom de famille, j’ai la mauvaise sensation qu’elle va nous poser problèmes… Ha non, elle s’en fiche en fait! “Merci bonne journée!”
(Limite limite quand même la sécurité! J’aurais très bien pu avoir kidnappé n’importe quel bébé américain!)
Quelques couloirs plus loin nous attendons nos bagages, mais finalement passer trop vite à la douane ça ne sert à rien… Parce que nos bagages, eux, ils mettent un bon moment à arriver! Toi tu t’en fous tu t’en fous, tu dors!
On y est presque!
Même quand maman te secoue dans tous les sens pour mettre le sac à dos, tu dors. Même quand maman va faire pipi et te re-secoue dans tous les sens, pour enlever et remettre le sac à dos, tu dors. On récupère poussette et car seat… Pfiou maman a un sacré coup de chaud! Ça en lui fait des trucs à porter!
Mais on peu dire que l’univers est avec nous ce matin ! Le blablacar qui devait partir à 11h est en fait déjà là, garé juste devant la porte, prêt à partir! Un tout gentil monsieur qui conduit si bien que tu te rendors en moins de dix minutes! Tu es merveilleuse, je te l’ai déjà dit ?
